Traitement des acouphènes : qu’est ce que la stimulation magnétique transcrânienne ?

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Et si le fait de stimuler directement le cerveau pouvait permettre de corriger les anomalies cérébrales qui causent les acouphènes.
La stimulation magnétique transcrânienne, technologie prometteuse ou mirage du progrès ? Découvrez comment cette technique entend agir sur le fonctionnement du cerveau afin de moduler l'activité des aires auditives et ainsi neutraliser l'acouphène.

Stimulation magnétique transcrânienne. Sous cette appellation quelque peu barbare se cache une technique relativement récente dont le principe est d’impulser des ondes magnétiques à travers le crâne afin de corriger l’activité du cortex auditif, une zone du cerveau fortement impliquée dans la perception des acouphènes. Si le procédé peut sembler magique, il n’en demeure pas moins que les études qui ont été menées sur le sujet présentent quelques contradictions propres à jeter un doute sur l’efficacité réelle de cette technique. Néanmoins, il convient d’accorder à celle-ci une attention toute particulière ne serait-ce que pour mieux comprendre comment les acouphènes se matérialisent dans le cerveau. En effet, il est intéressant de voir comment l’hyperactivité des neurones auditifs va se répercuter sur nos sensations auditives. Egalement, comment des impulsions magnétiques de basse fréquence vont potentiellement inhiber cette hyperactivité. Voici donc quelques éclairages sur le sujet, en attendant de pouvoir disposer de données plus approfondies issues d’études à large spectre.

🖊 Ci-dessous, une courte introduction vidéo. Pour plus d’informations et de détails sur ce sujet Acouphènes-Stimulation magnétique transcrânienne, nous vous invitons à parcourir le dossier complet situé sous la vidéo.

Mise au point dans les années 1985, la stimulation magnétique transcrânienne a été régulièrement utilisée dans le traitement des troubles bipolaires, des dépressions sévères ainsi que pour soigner des pathologies neurologiques telles que la maladie de Parkinson. Egalement connue sous l’acronyme TMS (de l’anglais Transcranial Magnetic Stimulation), la technique a depuis 2003 été expérimentée dans le cadre du traitement des acouphènes chroniques.

Objectif de la TMS : réorganiser le cortex auditif pour réduire l’acouphène

En cause, une hyperactivité des neurones auditifs

Les progrès technologiques ont récemment permis d’établir une corrélation entre perception des symptômes acouphéniques et niveau d’activité des neurones présents dans le système auditif central. En outre, il apparaît également que certaines autres zones secondaires, telles que l’aire limbique impliquée dans la gestion des émotions, jouent un rôle dans la perception accrue des bruits parasites.
Cette hyperactivité des neurones auditifs ainsi que l’implication de régions cérébrales connexes a pu être mis en lumière grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et la tomographie par émission de positons (TEP).

Un augmentation de l’activité du cortex temporo-pariétal

La région temporo-pariétale du cerveau jouerait un rôle clé dans la survenue et l’aggravation des symptômes acouphéniques. Il est intéressant de noter que les symptômes épileptiques, les douleurs de type membre fantôme ainsi que les hallucinations auditives pourraient également provenir d’une sur-activité du cortex temporo-pariétal.
Cela explique pourquoi les stimulations magnétiques transcrâniennes répétitives (SMTr), via leur action de modulation sur cette zone temporo-pariétale, pourraient aider à réduire les acouphènes.

Des impulsions magnétiques de courte durée pour traiter l’acouphène

La technique SMTr est fondée sur des impulsions magnétiques de courte durée. On qualifie ces dernières de « répétitives » car, très brèves, elles peuvent être répétées jusqu’à 2000 fois dans une seule et même séance.
Le champ électromagnétique de haute intensité ainsi généré va impacter le système nerveux en profondeur. Les zones cérébrales suspectées de jouer un rôle dans la perception de l’acouphène vont être stimulées de l’extérieur. En effet, les ondes utilisées vont pouvoir pénétrer les os du crâne ainsi que les tissus mous qui protègent le cerveau.

Une méthode indolore et non invasive

La stimulation magnétique transcrânienne est une technique qui n’implique aucune anesthésie préalable. Ne nécessitant aucune chirurgie, on parle d’une méthode non invasive.
La patient porte un casque sur lequel sont fixées deux bobines qui génèrent un champ magnétique. C’est grâce à ces deux bobines que l’on parvient à obtenir un champ dirigé et précis. Lorsque le champ magnétique est impulsé de manière répétitive à la surface du crâne, les couches du cerveau situées en profondeur vont régir à ce champ. Cela va induire une variation de l’activité électrique et neuronale au sein des régions ciblées.
Le but ultime de la SMTr est donc d’obtenir, via cette variation de l’activité électrique, un remodelage du cortex auditif en vue de neutraliser les acouphènes.

Une stimulation à basse fréquence

Il est possible d’influencer l’activité cérébrale de deux manières. Si l’on utilise des stimulations à haute fréquence, lesquelles correspondent en général à 10 kHz ou au delà, cela aura un effet excitateur sur le réseau neuronal et le système nerveux. A l’inverse, si l’on utilise des stimulations à basse fréquence, inférieures ou égales à 1kHz, cela produira des effets inhibiteurs sur l’activité cérébrale.
C’est la raison pour laquelle la stimulation magnétique transcrânienne privilégie des impulsions magnétiques comprises entre 1 et 3 kHz.

Des séances répétées durant plusieurs jours

La technique est basée sur une répétition de séances lesquelles peuvent s’inscrire sur une durée de plusieurs jours voire, plusieurs semaines. Cela rend la méthode un peu contraignante car le patient doit en effet se rendre très régulièrement chez le praticien équipé du stimulateur magnétique transcrânien.
Certains témoignages rapportent qu’il faudrait même, pour que les effets bénéfiques du traitement soient au rendez-vous, procéder à deux séances quotidiennes pendant cinq jours. Durant ces séances, le patient acouphénique est enjoint de porter un bonnet à la surface duquel sont marquées les zones à stimuler.

Une efficacité qui varie selon les études

Une première étude aux conclusions positives

Une étude menée par le professeur Rossi en 2007 a mis en évidence des résultats encourageants quant à l’emploi de la stimulation magnétique transcrânienne dans le cadre du traitement des acouphènes.
Après deux semaines d’observation, il apparut que le groupe test qui avait reçu un traitement placebo rapportait une amélioration des acouphènes de l’ordre de 10%.
Le second groupe de personnes, qui avait effectivement bénéficié de réelles impulsions magnétiques, a évalué cette amélioration à 35%. Cet écart de 25%, à mettre au crédit de la technique, semble révéler que celle-ci pourrait produire de réels résultats chez certaines personnes.

Une étude plus récente moins optimiste

Cependant, tout n’est pas si rose. En effet, une étude en date de 2010 menée par le professeur Anders est parvenue à la conclusion que la TMS ne présentait pas de valeur ajoutée par rapport à un faux traitement de type placebo.
Le groupe de chercheurs a utilisé un protocole de SMTr, avec fréquence de 1 kHz, durant quinze jours. Un premier groupe composé de 26 personnes a véritablement reçu des impulsions tandis qu’un second groupe de 26 personnes n’a reçu qu’un simulacre de traitement. Ce que révèlent les résultats de cette étude, c’est que la technique SMTr ainsi que le traitement placebo ont tous deux participé, dans des proportions similaires, à une amélioration des symptômes acouphéniques chez certaines personnes.
Que nous apprennent ces résultats contradictoires ? Eh bien, que l’efficacité de la stimulation magnétique transcrânienne reste encore à prouver et qu’il serait judicieux et intéressant de procéder à une étude poussée incluant un riche panel de personnes.

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